mercredi 21 octobre 2015

Citation de S. Freud, La peur du noir...

" - Les enfants eux-mêmes se comportent très tôt comme si leur attachement à la personne qui les soigne était de la nature de l'amour sexuel.
L'angoisse des enfants n'est rien d'autre à l'origine que l'expression du fait que la personne aimée leur manque; de ce fait, ils abordent chaque étranger avec angoisse; ils ont peur dans l'obscurité, par qu'on n'y voit pas la personne aimée, et s'apaisent s'ils peuvent lui tenir la main dans le noir.
On surestime les effets de toutes les terreurs enfantines et de tous les contes de nourrices effrayants, lorsqu'on leur attribue la responsabilité de l'anxiété des enfants. Les enfants qui ont un penchant à l'anxiété sont les seuls à retenir de telles histoires qui ne feraient absolument aucune impression à d'autres; et seuls les enfants dont la pulsion sexuelle est excessive ou prématurément développée, ou encore rendue exigeante par les cajoleries, ont un penchant à l'anxiété.
L'enfant se comporte à cet égard comme l'adulte en transformant sa libido en angoisse dès lors qu'il est incapable de la mener à la satisfaction; et, en revanche, l'adulte devenu névrosé en raison d'une libido insatisfaisante, se conduira dans son angoisse comme un enfant, se mettra à éprouver de la crainte dès qu'il sera seul, c'est-à-dire en l'absence d'une personne sur l'amour de laquelle il croit pouvoir compter, et cherchera à apaiser son angoisse au moyen des mesures les plus puériles (1). 

(1) Je dois l'explication de l 'origine de l'angoisse enfantine à un garçon de trois ans que j'entendis un jour supplier du fond d'une chambre obscure : " Tante, parle-moi; j'ai peur, parce qu'il fait si noir. " La tante répliqua: " À quoi cela te servira-t-il, puisque tu ne peux pas me voir?" "Ça ne fait rien, répondit l'enfant, du moment que quelqu'un parle, il fait clair." 

( Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle, [126])

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